L’heure est venue de mettre en place un nouvel essai comparatif chez Jérôme Bros, éleveur de limousines et utilisateur de tracteurs New Holland depuis de nombreuses années.
Le T5 a été le premier à poser ses roues sur l’exploitation de Jérôme Bros, à Cros-de-Montvert dans le Cantal. Et à peine descendu du camion, l’exploitant n’hésite pas et attelle directement la herse émousseuse pour une prise en main en douceur de l’appareil, sans même attendre la mise en route du constructeur faites le lendemain. Et sans surprise pour l’exploitant et son père, la prise en main se fait très simplement. Il faut dire que chez la famille Bros, les New Holland sont présents dans la cour depuis de nombreuses années !
« Intérieurement, je ne suis pas surpris, la cabine ressemble beaucoup à celle de mon T6, confirme Jérôme Bros. La cabine est spacieuse et agréable. Il n’y a que l’accoudoir qui change finalement, avec le nouveau joystick qui permet de prendre en main la transmission Dynamic Command. » Et une fois le pare-soleil relevé, l’exploitant peut apercevoir le toit panoramique, spécificité du T5 Dynamic Command. « C’est une belle surprise, ce toit panoramique devrait être agréable lors de travaux avec le chargeur ! »
Un accès en cabine compliqué
Mais avant de travailler avec le chargeur Stoll monté d’usine, il faut d’abord aller passer la herse de prairie. Et c’est Rémy Bros, le père de Jérôme qui s’y colle.
« La transmission est vraiment agréable, confirme Rémy, les vitesses se passent doucement, sans à-coups, cela nous change vraiment de notre T6 165 qui reçoit l’électro-command. Il y a eu un vrai bond en avant, c’est agréable ! »
Mais au moment de descendre dans un travers pour ramasser une pierre dans la prairie, Rémy Bros va pouvoir constater que l’accès en cabine n’est pas si simple que ça.
« L’anecdote prête à sourire, mais j’ai vraiment cru ne pas remonter en cabine ! J’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à atteindre la première marche. Non seulement la première marche est haute, mais en plus, elles sont vraiment très droites, ce qui fait que même la descente est dangereuse. Je trouve ça assez dommage pour un tracteur qui va être destiné à l’élevage, et où le chauffeur va donc être amené assez souvent à monter et descendre. En revanche, une fois rendu en cabine, les sièges conducteur comme passager sont vraiment confortables, c’est un bon point. »
Une pompe hydraulique très efficace
Après un après-midi de herse de prairie et une prise en main faites par New Holland France, l’essai peut enfin réellement démarrer. Pour cela, direction une stabulation de l’exploitation, pour sortir le fumier accumulé depuis près de deux mois. Un exercice parfaitement adapté au T5, comme le confirme Jérôme Bros :
« C’est un tracteur vraiment maniable, avec un bon gabarit. J’ai mis une masse d’une tonne à l’arrière, mais il ne bouge vraiment pas, même lorsqu’il faut arracher de gros godets de fumier. »
Et bonne surprise de l’essai, le T5 Dynamic Command reçoit de série une pompe CCLS de 110 l/min.
« C’est impressionnant de voir que le tracteur ne fatigue pas du tout à arracher un plein godet de fumier, et surtout de ne pas avoir besoin d’accélérer le régime moteur au moment de lever la fourche au-dessus de la benne ou de l’épandeur, constate Jérôme Bros. Même à bas régime, le débit de chantier est bon, ce qui devrait permettre d’économiser du carburant. »
Et cette journée de fumier va être l’occasion de confirmer la première sensation concernant le toit panoramique :
« Même s’il y a un montant légèrement épais entre le pare-brise et le toit panoramique, le chauffeur garde tout de même le godet toujours à vue, sur toute la course du chargeur, sans jamais devoir baisser la tête, ce qui est plutôt désagréable lors d’une journée complète de manutention. »
Bien positionner les commandes
Si jusqu’alors les exploitants étaient globalement contents des commandes du T5, l’arrivée du T6 165 Dynamic Command va légèrement rebattre les cartes. Le T5 reçoit un joystick fixe, alors que le T6 possède un joystick à impulsion, qui va permettre de passer les rapports de façon plus intuitive. Vincent Robert, chef produit New Holland France, nous rassure en nous expliquant qu’au moment de la commande du tracteur, il y a près d’un an, seul le joystick fixe était présent sur la gamme T5 Dynamic Command, mais que ce n’est plus le cas maintenant, les acheteurs peuvent opter pour un joystick à impulsion.
« Finalement, nous nous sommes bien adaptés à passer les vitesses avec les boutons sur le joystick, constate Jérôme Bros. Mais c’est vrai que pouvoir passer d’une vitesse à l’autre juste en faisant une impulsion est plus simple. Même si nous avons constaté que nous avions tendance à solliciter beaucoup plus la transmission sur le T6 que sur le T5 finalement. »
L’autre changement en cabine entre les deux tracteurs peut également paraître anecdotique. Il s’agit de la position de la commande du chargeur et du relevage arrière du tracteur.
« Sur le T5, l’accoudoir reçoit de gauche à droite ; le joystick, la commande du relevage et la commande du chargeur. Sur le T6, les deux dernières commandes sont inversées, de façon à avoir la commande du chargeur à côté du joystick. Cette configuration me semble plus adaptée à mes besoins, car la commande du chargeur se situe assez loin au final, cela peut être fatigant à la longue. »
Vincent Robert, chef produit des T5 et T6 pour New Holland France nous indique que : « Sortie d’usine, il n’est pas possible d’inverser les deux modules sur le T5. Mais de nombreux concessionnaires, lors de la préparation des tracteurs, le font assez simplement. »
Une route de montagne comme juge de paix
Pour terminer notre essai en beauté, Jérôme Bros doit aller chercher deux remorques de gravier, dans une carrière située à une quinzaine de kilomètres de l’exploitation. Mais pour y aller, il faut descendre une vallée, traverser un pont qui enjambe la rivière et remonter la vallée voisine. Ce parcours, qui possède de nombreux virages en épingle, sera un bon juge de paix pour tester les deux tracteurs. Le T5 Dynamic Command est le premier à s’élancer.
« J’ai vraiment été surpris par le confort sur route, constate Jérôme Bros. Le tracteur saute légèrement, mais cela est sans doute dû à une pression un peu élevée des pneumatiques, et la présence de la fourche, que je n’ai pas dételée pour l’occasion. Mais, même chargée de 12,5 tonnes de gravier, je n’ai jamais eu besoin d’appuyer sur les freins pendant la descente. En effet, le T5, comme le T6, sont équipés d’une 4e pédale en cabine, à gauche de l’embrayage, qui permet d’activer le frein d’échappement. En enclenchant la bonne vitesse au moment d’entamer la descente, et grâce à cette fonction que je découvrais, cela s’est passé sans encombre. Et concernant la montée de l’autre versant, j’ai atteint une vitesse de croisière de 15 km/h, qui correspond à ce que j’ai l’habitude de rouler avec mon T6 6 cylindres. Si le trajet s’est bien passé, j’ai eu une petite frayeur en arrivant à 2 kilomètres de l’exploitation, lorsqu’un bip en cabine m’a averti que le niveau d’AdBlue, qui était pourtant à plus de 30 % avant le départ, arrivait sous la barre des 10 %. J’ai vraiment cru ne pas arriver à la ferme, vu la vitesse à laquelle le niveau descendait. » De retour à la ferme, nous avons pu constater que le réservoir d’AdBlue du T5 Dynamic Command offrait une capacité de 19 litres, contre 40 litres pour le T6 Dynamic Command.
Après ce premier tour, l’heure est venue d’atteler la benne sur le T6, pour un tour à la même carrière.
« Globalement, le trajet s’est passé de la même façon. En descente, même chargé, je n’ai pas eu besoin de freiner grâce à la bonne retenue du frein moteur et la bonne efficacité du frein sur échappement. En montée, j’ai pu constater que le boost s’activait grâce au voyant sur le tableau de bord. Mais je n’ai pas trouvé que cet ajout de puissance me permettait de gagner énormément en vitesse de croisière. Finalement, je trouve que le T5 140 Dynamic Command n’a vraiment pas à rougir face à son grand frère ! »
Les petits changements sur l’accoudoir ne sont pas la seule différence entre les T5 140 Dynamic Command et le T6 165 Dynamic Command, qui possèdent pourtant le même moteur de 4 cylindres de 4,5 litres, délivrant 140 chevaux. À noter tout de même que le T6 possède une surpuissance augmentant la puissance maximum à 169 chevaux lorsque le boost s’active. En effet, extérieurement, les deux tracteurs n’ont rien à voir en matière de gabarit. Le T5, qui paraissait déjà imposant lors de son arrivée sur l’exploitation pour un tracteur à fourche, fait petit à côté de son grand frère, qui affiche sur la balance un poids de 6,4 tonnes, contre 5,5 tonnes pour le T5 Dynamic Command. Côté dimension, notons également que l’empattement du T5 Dynamic Command n’est pas ridicule avec 2,49 mètres, mais qu’avec 2,68 mètres, le T6 ne joue pas dans la même cour. En fin de compte, c’est surtout en matière de capacité de relevage que le T5 perd la bataille, avec 5,5 tonnes de capacité maximum au niveau des rotules, contre 7,8 tonnes pour le T6 Dynamic Command. « Mais,
pour l’ensemble des travaux que j’ai à réaliser sur mon exploitation, essentiellement de la fenaison, je pense que le T5 Dynamic Command serait en mesure de remplacer mon T6 165, estime Jérôme Bros. Il n’y aurait que pour épandre le fumier qu’il manquerait peut-être un peu
de gabarit pour retenir l’épandeur dans les travers, et encore, cela reste à voir. J’ai vraiment été agréablement surpris par sa capacité à retenir la benne de 12,5 tonnes de gravier sur la route aux allures montagneuses que j’ai empruntée. »
Au cœur de notre essai, la transmission Dynamic Command, disponible sur les gammes T5 et T6, se fait doucement mais sûrement une place entre la transmission connue et reconnue Electro Command à 16 rapports, et la transmission à variation continue AutoCommand. La transmission Dynamic Command est une boîte de vitesses à double embrayage, un type de boîte que l’on retrouve beaucoup en automobile, sur les voitures équipées de boîte automatique. Un premier embrayage va se charger de préparer et de passer les rapports impairs, tandis que le second embrayage fera la même chose pour les rapports pairs. Ainsi, le changement d’un rapport à l’autre se veut plus souple et plus rapide, grâce à l’anticipation du tracteur.
« C’est vraiment une bonne surprise, constate Jérôme Bros. Pour posséder un tracteur équipé d’une transmission Electro Command, je constate qu’elle est brutale dans les passages de rapports, ce qui peut être très inconfortable lors de certains travaux ou trajets sur route. Avec la Dynamic Command, tous les changements de rapports sont souples, et la boîte, qui reçoit trois gammes de huit vitesses, est bien étagée, ce qui permet de toujours trouver le bon rapport pour les différents travaux sur la ferme ou dans les champs. »